La réflexion de Clausewitz a fait l'objet, quasiment depuis sa première diffusion, de remises en cause régulières. Mais elle a tout aussi régulièrement résisté aux constats de péremption. Qu'en est-il aujourd'hui ? Nous sommes entrés depuis la fin de la guerre froide dans une nouvelle époque stratégique marquée par un renouvellement des modalités d'emploi des forces armées occidentales. Comme à chaque transformation majeure du contexte international, les spécialistes des questions stratégiques se sont lancés dans une redéfinition des moyens conceptuels appropriés à l'intelligence des phénomènes militaires contemporains. Certains n 'ont pas manqué de déclarer Clausewitz mort une nouvelle fois. De la théorie du « choc des civilisations » amenant son lot de commentaires sur la « dépolitisation de la violence » à l'éventuelle inadaptation de l'« étrange trinité » aux armées professionnelles, en passant par les analyses affirmant l'irrationalité politique et stratégique de certaines formes de violence collective, c'est la totalité de l'édifice clausewitzien qui est mis en question. Que faut-il retenir, abandonner ou redécouvrir de Clausewitz à l'heure de la professionnalisation, des opérations multinationales, de l'hyperterrorisme et de la prolifération nucléaire ?