Corruption, abus de pouvoir, usage excessif de la force :
les déviances policières défraient régulièrement la chronique. Comment
sont-elles traitées par les services disciplinaires de la police nationale ?
Eux-mêmes policiers, les enquêteurs qui composent la « police des polices »
font-ils preuve de complaisance vis-à-vis de leurs collègues ? Comment
comprendre, sinon, que les violences soient si peu sanctionnées au regard
d'autres types de dévoiements de la fonction policière ?
Cet ouvrage explore ces questions et, plus généralement,
celle des contours de la discipline policière à partir de deux terrains : une
école de gardiens de la paix et un service dédié à l'investigation de plaintes
déposées contre des fonctionnaires de la force publique. Dans la première, où
l'on apprend aux élèves gardiens de la paix les principes pratiques de leur
future activité, comme dans le second, dont les enquêtes disciplinaires
constituent un rappel à ces principes pratiques, s'explicite le rapport que les
policiers entretiennent à l'autorité et au droit. Ce livre permet ainsi de
comprendre pourquoi l'usage illégitime de la violence n'est pas constitué en
problème par ces instances de la police nationale, tandis que d'autres types de
déviances policières, moins spectaculaires mais conçues comme des atteintes
potentiellement graves à la pérennité de l'institution, se voient davantage
sanctionnées. Ce faisant, ce livre éclaire ce à quoi tiennent les policiers et
propose un retour sur l'articulation entre police, discipline et droit.
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Cédric Moreau de Bellaing est maître de conférences à l'École normale supérieure - Paris et membre
du Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités
(IMM/EHESS-CNRS).