L'hyper-mobilité n'est pas un slogan,
c'est un constat. En France, chaque habitant parcourt plus de 40 km par jour,
dix fois plus qu'il y a deux siècles. L'accroissement tendanciel des vitesses
de déplacement est à l'origine de cette révolution qui a pu se réaliser sans
accroître les budgets temps de déplacement, environ une heure par jour. Les
marchandises ne sont pas en reste en matière d'hyper-mobilité. En ne prenant en
compte que les transports domestiques, pour chaque habitant, 140 kg de
marchandises sont déplacés chaque jour sur 100 km !
Après avoir établi l'évidence de l'hyper-mobilité,
l'ouvrage en présente les fondements : une hausse tendancielle des revenus
qui fait du temps disponible le bien le plus précieux. La même logique pousse à
l'hyper-connectivité, une autre façon de « gagner du temps ». La
société du temps libre est donc paradoxalement une société du temps rare. La
recherche du temps gagné se heurte à des limites individuelles mais aussi
collectives notamment économiques, énergétiques et environnementales. C'est
ainsi que, progressivement, nous changeons d'époque ce qui ne signifie pas
catastrophe ou régression. Le « monde fini » dans lequel nous entrons
n'est pas celui de la dernière goutte de pétrole ou du retour généralisé à la pénurie. Il ne sera pas non plus celui
de la fin des embouteillages grâce aux voitures automatiques, ou du règne des
avions supersoniques et des trains à 1 000 km/h.
Plus simplement, nous allons devoir
composer avec deux « innovations » importunes et pourtant opportunes :
- le progrès technique dans les
transports continuera à cibler les gains de temps, mais pas sous la forme d'un
accroissement des vitesses de déplacement ;
- le subventionnement systématique de la
mobilité sera remis en cause du fait des rendements décroissants de la vitesse
et du coût croissant des politiques publiques.
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Yves
CROZET est professeur d'économie à
l'Université de Lyon (Institut d'études politiques) et membre du Laboratoire
Aménagement Economie Transports (LAET). Secrétaire général de la WCTRS (société
de la conférence mondiale sur la recherche dans les transports) de 2010 à 2015,
membre du conseil d'administration de RFF (Réseau Ferré de France, 2008-2012)
et aussi de la commission Mobilité 21 (2012-2013), présidée par Philippe Duron,
il est depuis 2009 président du think-tank de l'URF (Union routière de France).