De 1940 à 1945 la France fut lourdement bombardée, d'abord par l'aviation allemande qui aidait à la progression de ses troupes, détruisant nombre de villes et de villages de la frontière belge jusqu'à la Loire. Dès l'été 1940, la RAF prit la relève, tout d'abord contre les ports de la Manche et de l'Atlantique, puis jusqu'à l'été 1942, sur diverses villes de la Zone occupée dont Billancourt ou Le Creusot. À partir de l'automne 1942 et de l'occupation de la Zone libre, la France entière devint de nuit la cible des escadres de la RAF et, de jour, celle d'escadres américaines de plus en plus puissantes qui, en une ronde incessante, tournèrent jusqu'au printemps 1944.
À cette époque, la France fut l'objet d'un pilonnage effrayant censé aider à la préparation des débarquements de Normandie et de Provence. Très vite des villes comme Saint-Lô ou Saint-Cyr ne furent plus que flammes et cendres. Bientôt ce déluge de feu s'étendit à des villes du Midi jusque-là épargnées, telles que Avignon, Nîmes, Arles ou Marseille. Ni la banlieue parisienne ni le Nord ne furent à l'abri.
La Libération de Paris et d'une grande partie de la France ne mit hélas pas fin au calvaire des civils. La ville du Havre fut alors totalement détruite tandis que Royan était rasée en 1945 à coup de bombes incendiaires, et même de bombes au napalm utilisées pour la première fois de la guerre par l'USAAF. Pour ne rien arranger, de septembre 1944 à janvier 1945, les Allemands lancèrent sur la région parisienne et le Nord des centaines de fusées V1 et des dizaines de V2.
Pendant cinq ans c'est donc un déluge de fer et de feu qui a accablé la population française, tuant plusieurs dizaines de milliers de personnes, hommes, femmes et enfants confondus, et en blessant beaucoup plus encore. Un traumatisme profond dont la France n'est pas encore totalement remise...
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Historien, spécialiste de l'Histoire contemporaine, diplômé de Sciences Po. Paris, Gilles Ragache est l'auteur de nombreux ouvrages sur la seconde guerre mondiale et le Gaullisme.