Les Flottilles françaises de la Manche, depuis celle de
Louis XV, aux 250 «
chimériques bateaux plats du maréchal de Belle-Isle », selon
de Broglie, jusqu'aux 2 400 bateaux du Premier consul, la « poussière navale », d'après les amiraux Bruix et Decrès,
ont provoqué en leur temps de longues polémiques.
Leur histoire n'avait jamais fait l'objet d'une étude
approfondie et celle, assez vaste, des Flottilles nordiques, dont elles sont
issues, est le plus souvent ignorée des Français.
Le présent ouvrage
s'efforce de combler les plus notoires de ces lacunes et de découvrir, à partir
des plans d'opérations mis en uvre, la stratégie navale de Napoléon.
La Baltique, mer fermée sans marées, donc à faibles
courants, à l'inverse de la Manche, est garnie de multiples archipels, dont les
Flottilles opèrent avec l'armée.
Le grand architecte Chapman a doté ces Flottilles de
bateaux appropriés, passant des antiques galères aux chaloupes-canonnières de
débarquement, qui, en juillet 1790, font remporter par la Suède la grande
victoire de Svensksun (Finlande) sur la Russie. Les Flottilles du Consulat et
de l'Empire vont s'inspirer de celles de Chapman. Mais elles oublient que les
guerres nordiques les faisaient intervenir en même temps que les flottes de
haute-mer à peu près égales entre elles et que l'emploi en Manche de Flottilles
nordiques exigeait une adaptation du matériel.
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Ancien commandant de sous-marin en opérations en
Méditerranée (1943-1944), le contre-amiral DUPONT a été professeur à l'École
de Guerre navale. A Rochefort, dans l'arsenal de Colbert, il a dégagé et fait
classer la grande Corderie, incendiée par les Allemands, reconstruite et
abritant le Conservatoire du Littoral et le Centre international de la mer.
Membre titulaire de l'Académie de Marine, il est président honoraire du Comité
de documentation historique de la Marine.