La religion fait un retour en force sur la scène publique et les sciences sociales
doivent faire face aujourd'hui à ce défi : comment penser le religieux ? Ce livre ne
cherche pas à apporter une explication de plus à la crise des religions ou à ce retour
inopiné du religieux et à ses nouvelles formes d'expression, mais plutôt à explorer le
mécanisme de construction de la croyance par le biais de l'espace. En définissant le
religieux comme un récit et en l'abordant à travers l'angle spatial, c'est aussi la
compréhension du rôle et du fonctionnement de l'espace en général que cet ouvrage
voudrait saisir.
Au-delà de la diversité des pratiques religieuses et de leurs espaces spécifiques,
l'auteur cherche à mettre en évidence les structures élémentaires de la spatialité qui
permettent de générer les espaces cultuels et de comprendre leurs formes comme
autant de modalités historiques particulières. Il tente ensuite d'expliciter le fonctionnement
de ces espaces cultuels envisagés comme «machines à faire-croire» en analysant,
à travers l'exemple chrétien, les dispositifs internes et leurs mécanismes de
production d'effets de sens conduisant à la foi. Produire la foi, entendue comme pouvoir-croire
et vouloir-croire, tel est aussi l'objectif visé par ces «machines», espaces
de rencontre avec le divin dont la forme et la complexité varient avec les cultes.
A partir de ce corpus d'étude particulier, élargi également aux «religions séculières»,
l'ouvrage interroge l'espace, sa nature, sa structure, son rôle et son fonctionnement
comme langage. Cette interrogation consiste non seulement à cerner l'espace
dans le récit (religieux), mais aussi, et surtout, à l'appréhender comme récit : l'espace
(cultuel) n'a nul besoin d'être parlé pour signifier, il raconte directement, par son
organisation, le parcours de la quête du Salut, et rend compte des effets de sens persuasifs
produits pour entraîner l'adhésion à ce message singulier.
Ce livre, premier tome d'un travail sur la spatialité religieuse, sera suivi et
complété par un second volume où seront étudiés la structure et le fonctionnement
d'une «machine à faire-croire» particulière, l'église de la Madeleine à Paris (1757-1842),
ainsi que le processus de conception de ce projet architectural paradoxal.