L'activité scientifique est traversée
d'une tension fondamentale entre les formes organisationnelles du travail
collaboratif et les politiques d'évaluation qui consacrent des génies
individuels. Cette tension relance régulièrement les débats autour de la
signature des articles scientifiques et alimente, depuis les années 1950, la
production d'outils nouveaux destinés à recomposer les modes d'attribution des
productions scientifiques, dès lors que leurs acteurs sont multiples et leur
hiérarchisation âprement discutée.
En se centrant sur les sciences de la
vie, la recherche médicale et la physique des particules, David Pontille
analyse les transformations concomitantes des modes de contribution scientifique
et des formes, matérielles et institutionnalisées, de la signature des
articles. Examinant l'expression de l'autorité scientifique, les principes de distribution
de l'action et de la décision dans les organisations du travail, il montre
combien ces déplacements modifient simultanément les ressorts d'élaboration des
subjectivités à l'uvre en science.
Cet ouvrage engage une vaste réflexion
susceptible de soutenir une autre politique d'évaluation du
travail scientifique dans l'ensemble des domaines de la recherche.
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David
Pontille est sociologue, directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de Sociologie
de l'Innovation (i3 - Mines ParisTech). Il a notamment publié La signature scientifique : une
sociologie pragmatique de l'attribution (CNRS Editions, 2004), avec Béatrice
Fraenkel, Damien Collard et Gaëlle Deharo, Le
travail des huissiers : transformations d'un métier de l'écrit (Octares,
2010), et avec Jérôme Denis, Petite sociologie de la signalétique : les
coulisses des panneaux du métro (Presses des Mines, 2010). Il est cofondateur
d'un blog scientifique collectif sur les pratiques d'écriture (www.scriptopolis.fr/).