L'intérêt pour les opérations en essaims s'est accru dans les années 1990 aux États-Unis, sous le nom de swarming sans avoir encore, malgré la modernité et la pertinence du concept, de résonance en France.
Depuis que les hommes s'affrontent, les opérations en essaims font partie du paysage guerrier. Au fil du temps, de la bataille de Carrhae en 53 avant notre ère à la bataille de Mossoul en 2016-2017, elles ont évolué et se sont approprié les milieux, terrestre, aquatique, aérien puis le cyberespace, au rythme de leur maîtrise. Elles dépassent aujourd'hui largement le cadre militaire. Négligées dans le monde occidental, elles présentent pourtant, à l'heure où la manœuvre des forces armées connaît des limites voire un blocage tactique, un champ d'étude particulièrement intéressant. Parfaitement adaptées aux révolutions technologiques et aux besoins des forces non étatiques, elles deviennent omniprésentes dans tous les champs d'affrontements. Humains, hybrides ou autonomes, les essaims s'emparent peu à peu du champ de bataille car ils permettent à ceux qui les utilisent d'obtenir de bien meilleurs résultats, tactiques, opératifs mais aussi stratégiques tout en s'exposant moins aux coups de l'ennemi.
Les opérations en essaims pourraient devenir le paradigme de la guerre au XXIe siècle.
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Saint-cyriens, le chef de bataillon Mathieu Peter et le chef d'escadrons Julien Terrier sont scientifiques et passionnés de stratégie. Riches de premières parties de carrières très opérationnelles au sein des forces spéciales et des unités blindées (déploiements au Liban, en Afghanistan, dans le Sahel et sur d'autres théâtres d'opérations), ils suivent ensuite le cours de l'École de guerre puis une scolarité à CentraleSupélec dans le cadre de l'enseignement militaire supérieur scientifique et technique de l'armée de Terre. Ils mettent alors à profit cette période d'études pour réfléchir à la situation actuelle des armées occidentales et proposer une façon de combattre autrement, qui tire profit des ruptures technologiques à venir.