Les victoires de Magenta et de Solferino restent dans nos
mémoires parmi les batailles les plus sanglantes de l'histoire militaire du XIXe
siècle. Elles sont liées à jamais à la création de la Croix-Rouge internationale
par Henri Dunant, témoin accablé des souffrances et des carnages endurés par
les combattants. L'armée française n'était pas préparée à ce conflit, voulu
secrètement par Napoléon III, qui réalisait ainsi un rêve mystique réveillé
par l'attentat d'Orsini. Il en résulta d'insupportables négligences et de critiquables
insuffisances. Pourtant l'armée française fera face, plus par son
dynamisme, son courage et son imagination que par les réflexions d'un
état-major pratiquement inexistant. Après la guerre, tout était possible ;
l'armée française pouvait conserver son rang par des réformes relativement
modestes, mais difficiles sur le plan politique. Elles n'aboutirent que partiellement
et ce sera le désastre de 1870. Toutefois, le bilan de la campagne se place sur le plan
européen : elle permet à l'Italie de réaliser son unité, à l'Allemagne de
préparer la sienne, aux États figés de se soustraire à l'ordre établi en 1815,
aux peuples de rêver de liberté, et à la France enfin d'annexer brillamment la
Savoie et Nice. Le canon de Magenta
et de Solferino aurait pu être l'annonce d'une ère nouvelle pour la France
impériale, il sonna le glas de son déclin.Raymond Bourgerie, ancien
officier du Génie, contrôleur général des Armées, a professé dans les écoles
d'officiers l'histoire de l'organisation et de l'administration militaires. Raymond BOURGERIE9782717824513