Tout le monde connaît le traité de Clausewitz De la guerre.
On sait moins qu'il ne s'agit que du premier volet d'un triptyque qui aurait dû
comprendre un traité sur la guérilla et un traité sur la tactique. De ces deux
autres volets, n'ont été écrits que des fragments qui n'ont guère attiré
l'attention mais qui sont importants tant par leur contribution à la
compréhension de la pensée de Clausewitz que par les éclairages originaux
qu'ils apportent à la matière traitée.
Le traité sur la tactique n'a fait l'objet que d'un plan
général dont seul le chapitre sur la théorie du combat a été développé. La
méthode de Clausewitz y apparaît à l'état pur. Le raisonnement se présente sous
forme de propositions logiques qui s'enchaînent mutuellement. L'histoire n'est ensuite
appelée qu'à titre d'illustration, elle ne constitue pas le fondement du
raisonnement. Une telle approche est difficile et exige une attention soutenue
du lecteur. Mais cet effort est récompensé par des aperçus fulgurants sur les
finalités du combat, sur les rapports entre l'attaque et la défense, entre
l'acte destructeur et l'acte décisif, entre le plan et la direction... Certains
passages délicats ou allusifs de De la guerre reçoivent ainsi un nouvel
éclairage.
Raymond Aron a bien dit que la Théorie du combat est un
document essentiel pour comprendre la pensée de Clausewitz.